08 mars 2024 -
18 mai 2024
Deena Hamilton, née le 21 septembre 1965 à Marlow, au Royaume-Uni, incarne l'essence d'une artiste cosmopolite. Baignée dans les cultures de Paris et Londres avec un passage à Barcelone durant son enfance, elle a étudié aux Beaux-Arts de Paris sous la tutelle de Vladimir Veličković et Toni Grand, dont l'influence se reflète dans son œuvre. Ses médiums de prédilection, tels le bois, la résine, la chaux et l'encre, forment une palette artistique diversifiée.
L'exposition « Révélation » ouvre les portes sur un chapitre exceptionnel de l'artiste. Après 35 années de pratique profonde mais souvent intime, c'est la première fois que son travail est exposé au public. Chaque œuvre, fruit d'une exploration artistique secrète, devient une révélation de son talent. Les sculptures majestueuses et les toiles empreintes d'une maturité créative dévoilent non seulement la maîtrise de l'artiste, mais aussi une connexion profonde avec son langage visuel unique.
"On pourrait dire de Deena Hamilton qu’elle vient d’ailleurs. Qu’elle est une comète. Que la polarité qu’elle traverse avec fluidité et harmonie est impossible : intensité et douceur, profondeur et légèreté, lenteur et efficacité, territorialité et universalité, humanité et animalité. Dans un monde de jugement rapide, une telle polarité déroute.
Un jour au musée d’Orsay, Deena m’a dit : “Au musée, il faudrait ne regarder qu’une seule œuvre, longtemps. Moi, devant ce tableau, je suis rassasiée”. A mon tour, je vous invite à regarder longtemps le travail de Deena Hamilton. A en prendre le temps. La liberté.
La vie et l’œuvre de Deena sont portées par cette liberté, une liberté qui ne se disperse pas et dessine au contraire un sentier étroit, un équilibre entre soi et le monde. Liberté de temps. Bien qu’elle n’ait jamais cessé de conceptualiser et de créer en pensée, trois décennies séparent sa formation aux beaux-arts et la création de son atelier à Villelaure. Le temps de l’artiste lui appartient. Il n’y a rien à en dire si ce n’est qu’il faut du courage pour se tenir loin des chemins plus empruntés. Et de la sagesse pour observer l’arbre qui pousse et tendre la main lorsque le fruit, mûr, tombe de la branche.
Liberté d’espace. Ses sculptures s’imposent dans l’espace, leurs dimensions colossales affranchies du corps de leur créatrice. En peinture et dessin, des lignes ouvertes, des résonances en écho, des éclaircies et fentes de lumière mettent en mouvement le vaste, le vide, l’infini.
Liberté de jeu. Si elle est admise aux Beaux-Arts pour ses dessins et peintures, elle choisit pourtant la sculpture, sous l’œil de Toni Grand. D’une œuvre à l’autre, Deena passe de la forme à la couleur, de la toile au bois, de l’encre de chine à la chaux et aux pigments. Et si l’angoisse fait partie de son processus créatif, le doute de l’artiste qui cherche et tâtonne, car tout est remis en jeu à chaque fois, la joie de créer l’habite plus que tout. La liberté de jouer : de trouver d’un coup, après des heures ou des jours, de tout changer, puis à un moment donné, de sentir que l’œuvre est aboutie, de s’émerveiller un moment de cette naissance, puis de recommencer.
Liberté de vie. J’ai toujours eu le sentiment que Deena s’était créée seule tant elle n’appartient qu’à elle-même. Tant elle veille à la liberté d’être, la sienne autant que celle des autres. Née à Marlow près de Londres, d’un père italien et d’une mère anglaise, Deena a vécu en Espagne, puis en France, puis de nouveau en Angleterre à 15 ans après la séparation de ses parents. De cette enfance mouvementée, qui souvent la livre à elle-même, elle nourrit, peut-être, un besoin d’ancrage, de maternité pleinement vécue, de temps pour soi, pour sa famille, pour ses amis, pour ses autres proches tels Marguerite Duras et Henri Bosco. Tout autant qu’une ouverture au monde : une aisance à partir, seule, parfois à l’impromptu, à l’autre bout du monde, vivre quelques semaines auprès d’une famille au Bangladesh ou dans le désert de Mauritanie.
Sur ce sentier de porosité au monde et d’écoute de soi, Deena semble en équilibre. Dans un continuum de réceptivité. Dans son atelier, en cours de Feldenkrais ou d’ikebana, en cuisine ou au jardin, en lecture ou en conversation, son attention et sa disponibilité demeurent constantes. Dans ce continuum, aucun moment n’est supérieur à un autre. Tout est matière créative, Voyage.
J’ai la chance de voyager auprès de Deena depuis 21 ans. Notre amitié débute dans un ascenseur à Londres lorsque nous étions voisines, amitié placée d’emblée sous le signe du voyage et de l’élévation. Un voyage ouvert à l’instant, à l’acceptation des moments de désintégration, vécus aussi pleinement que ceux de joie. Auprès d’elle, j’ai appris à me laisser traverser par le bleu d’une fleur tout autant qu’à accueillir la détresse et le vide. J’ai appris à regarder dans l’ombre de chacun avec plus de profondeur, de générosité, d’humanité. J’ai compris que la neutralité de celle qui répond plutôt qu’elle réagit, qui reste présente sans juger, sans contrôler, sans ôter à l’autre son espace, cette neutralité est une force d’amour et de sagesse.
Je sais que chaque œuvre de Deena offre à l’autre cet espace - temps, liberté, ouverture, voyage. Chaque œuvre vibre, sans attente mais présente, dans l’espoir d’une rencontre. Et d’un voyage. Il n’y a pas une façon particulière de lire chacune de ses œuvres, il suffit de la vivre avec son propre regard, ses propres sensations, en prenant le temps et la liberté de le faire. Je vous souhaite à vous aussi, un bon voyage aux côtés de Deena Hamilton."
Frédérique Nahmani
Cette exposition est ouverte du mercredi au samedi, de midi à 18h. L'entrée est libre.
Pour plus d'informations veuillez contacter : expositions@gallifet.com
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