Living Room
Diplomée en Esthétique de l’art (Sorbonne), en design (Ensci) et en arts numériques (Sorbonne), Lia Rochas-Páris se penche sur les manifestations du processus créatif en tant que pratique artistique à part entière.
L’artiste compose avec les éléments. Exploratrice d’archives visuelles, Lia Rochas-Páris n’hésite pas à dépasser les frontières spatio-temporelles en vue de dessiner ses paysages intérieurs. Des fragments issus de sources diverses finissent par se côtoyer laissant ainsi percevoir une cosmogonie proche du surréalisme. Cette volonté de faire monde à partir des éléments collectés se retrouve dans la récurrence des thèmes en tension qu’elle aborde comme l’attraction des corps dans l’espace, l’apesanteur et le mouvement, l’éros tout puissant, la mythologie ou encore la voie lactée.
- Depuis 2007, le travail de Lia Rochas-Páris a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles et collectives à Paris, Arles, Marseille, Amsterdam, Osaka et New- York. ( Galerie Vaste Horizon, Studio Marant, Parcours St Germain ).
- Collaborations avec Gucci, La Villa Vassilieff, Le Coeur, À Rebours x Fondation Lafayette, Coralie Marabelle, John Lobb, Les In- fâmes, Sony music, Casio...
- Apparition de ses collages et de ses textes dans Please Magazine, Girl Like Us, GQ France, Standard Magazine etc.
Quelle a été l’inspiration derrière les œuvres que vous exposez à Gallifet ?
Il y a deux séries. La première, qui est essentiellement un travail du minéral et des montagnes, date de l’hiver dernier. On y retrouve peut-être une forme de nostalgie liée à mes racines suisses… Cette série, que j’ai appelée « Derrière les montagnes », est liée au mot ‘Heimat’ en allemand, qui signifie une forme de nostalgie liée aux origines. Ce sont des tirages d’après collages qui sont très denses et foisonnants, sans espaces de respiration.
L’autre série a été réalisée en septembre lors de ma résidence à l’Hôtel La Louisiane à Paris pendant la Design Week. J’ai eu carte blanche pour investir un espace, et là vraiment j’ai retrouvé une notion qui me tient à cœur, celle de l’espace entre, l’espace vide, l’espace plein et de tout ce qui circule autour.
Quel message avez-vous voulu transmettre au travers les œuvres que vous exposez à Gallifet ? Y a-t-il un thème récurrent ?
Mes collages, c’est composer avec des éléments préexistants et ensuite recomposer un monde à travers des éléments qui ne m’appartiennent pas. Mon travail consiste à transformer, transcender et laisser une forme de possibilité aux yeux de celui ou celle qui regarde, d’interpréter les images comme un ensemble de codes liés à la mémoire collective et personnelle.
Vos œuvres exposées à Gallifet ont-elles un lien avec la cause ou l’impact de la pandémie ?
Chaque cycle que l’on fait en tant qu’artiste est lié à ce que l’on traverse dans la vie. Les deux séries sont post-pandémiques. La première représente ce moment de ‘faire avec’, ce besoin de transcender le chaos, de surcharger (ou presque…) l’image et essayer de trouver un équilibre dans cette surcharge.
La deuxième série qui est beaucoup plus aérienne, plus légère dans l’espace, est très récente puisqu’elle a été réalisée en septembre. On y ressent sûrement un besoin d’aération et de retrouver pleinement l’équilibre.
« L’espace entre » et « l’isolement » sont des thèmes récurrents dans votre travail. Pensez-vous que ces thèmes sont devenus plus pertinents après la pandémie et ses périodes d’isolement, de confinement et de séparation ?
Oui et non. En tant qu’artiste, les notions d’isolement et de quarantaine font partie de nous. Quand on est pleinement dans la création, on est dans une sorte de bulle donc finalement je me suis peut-être sentie rassurée et moins seule car le monde entier a traversé la même chose. J’ai été assez prolifique durant cette période.
Lorsque vous présentez des êtres humains dans votre travail, les visages sont souvent totalement ou partiellement cachés, y a-t-il une raison ?
Dans ces séries, je ne les cache pas volontairement. Effectivement ce ne sont pas des visages frontaux. J’avais fait une série avec des photos de mariage où j’avais enlevé volontairement les visages et c’était finalement pour rendre anonyme, mais avec une volonté de rendre universel. J’ai ajouté sur ces visages de la feuille d’or comme pour les icônes religieuses afin de rendre hommage à ces anonymes et de donner la possibilité à chacun de se retrouver dans cette figure humaine.
Le contraste et la superposition apparaissent fréquemment dans vos collages, qu’est-ce qui vous a attiré vers ces méthodes ?
J’aime jouer sur les matières. La face cachée et la face visible, les dimensions, les échelles… C’est très instinctif.