Mémoire Désir

Karl Mazlo

Karl Mazlo

C’est à Paris, sa ville natale que naissent l’amour pour les bijoux et la création de Karl Mazlo. Artiste joailler, sa curiosité et sa passion pour son art le mèneront en quête de techniques nouvelles, de matériaux rares et d’histoires inédites.

Diplômé d’art du bijou et du joyau de l’école Boulle, il se forme auprès de grands maitres joaillers mais son désir est de bousculer le monde du bijou, de créer un dialogue entre la matière, l’outil et la tradition à la lumière de sa créativité. Il part alors en résidence artistique à la Villa Kujoyama à Kyoto, il y découvre les techniques traditionnelles japonaises. Il s’ouvre à une nouvelle philosophie qui mêle poésie, rigueur et savoir faire ancestral.

Il rentre à Paris avec l’envie de créer des liens entre les cultures et les
traditions. Il a alors multiplié les voyages et les rencontres avec des artistes et artisans du monde entier.

Rencontre

- Quelle influence vos voyages ont-ils eu sur votre travail ?

Les voyages jouent un rôle essentiel dans mes inspirations. Ma démarche prend un virage à partir de 2016 durant ma résidence à la Villa Kujoyama de Kyoto. Si l’art du Japon m’attire depuis toujours, notamment les procédés traditionnels, j’ai pu découvrir la culture du wabi-sabi, qui célèbre la beauté de l’imperfection et l’impermanence. Mon père m’a sensibilisé à favoriser les défauts ou les accidents dans les matières. C’est durant ma résidence au Japon que j’ai appris à accepter un défaut en cours de création. Et ce qui est intéressant, c’est de voir comment on peut rebondir après un imprévu, ça peut créer quelque chose d’inattendu, d’unique…

- Avez-vous une personne à l’esprit quand vous créez ?

Mes maîtres d’apprentissage, et plus précisément mon père qui m’a transmis la passion du métier de créateur de bijoux.

- Avez-vous une pierre ou une matière de prédilection ?

L’acier damassé, car c’est une matière très complexe à réaliser et aussi parce que ce métal évolue et se patine avec le temps. Il peut se colorer du gris au noir en passant par des reflets bleutés. C’est également une matière extrêmement résistante.

- Vos pièces sont brutes et en même temps extrêmement délicates. A quoi attribuez-vous cette dichotomie ?

Je l’associe à la nature qui est une de mes plus grandes sources d’inspiration.
Celle-ci est à la fois très douce et délicate mais peut être très brute. J’aime créer du contraste dans mes pièces afin qu'il existe plusieurs lectures sensorielles.

- La joaillerie est dans votre famille. Avez-vous toujours voulu devenir joaillier ?

Je dirais qu’on a été sensibilisé aux arts dès notre plus jeune âge. A mes yeux d’enfant, les bijoux étaient un émerveillement, quelque chose de magique, une sorte de trésor qui pouvait conférer des pouvoirs. Aujourd’hui, c’est surtout une forme d’expression qui m’anime au quotidien.

- Est-ce que le Prix Bettencourt emporté en 2021 a apporté des changements dans votre parcours professionnel ?

Complètement, ce fut un énorme encouragement dans mes recherches et dans tout le travail que j’ai pu amorcer depuis que je suis devenu joaillier.
C’est compliqué aujourd’hui pour moi de libérer du temps pour la recherche, car cela m’oblige à renoncer à des commandes, qui sont très intéressantes, mais qui empiètent parfois sur ma pratique personnelle. Ce prix m’a permis de libérer ce temps. C’est aussi une belle mise en lumière de mon métier, qui doit être dépoussiéré et proposer une vision plus contemporaine pour sensibiliser de nouveaux publics.