Racines & Récits

Swan Scalabre

1977

Swan Scalabre

À travers ses portraits de femmes et d'enfants, Swan Scalabre explore la vérité et le divin. Ses petites peintures à l'huile sur bois contrastent avec l'immensité des thèmes qu'elles abordent. Inspirée par les icônes chrétiennes primitives, elle crée des figures féminines silencieuses mais expressives. Travaillant avec une concentration qui rappelle à la fois la prière et l’écriture, ses œuvres, encadrées dans des boîtes en chêne, sont imprégnées de joie et de douleur. Son univers, profondément féminin et existentiel, place ses personnages entre fleurs et nuages, sous un ciel tourmenté, où plane une menace diffuse traduite par de larges coups de pinceau.

Rencontre

Quelles sont les principales sources d’inspiration qui nourrissent votre travail artistique ? 

Ma peinture, dite de chevalet, est intimiste. Elle s’inspire principalement de mon imaginaire onirique, d’iconographies vintages, de littérature française et anglaise du 19ème siècle et de cinéma classique et contemporain.

Vos œuvres semblent plonger dans notre mémoire collective et explorer des émotions profondes telles que la patience, la mémoire et la solitude. Qu’est-ce qui vous pousse à aborder ces thématiques, et quel message souhaitez-vous transmettre à travers elles ? 

Mon travail d’huile sur bois est singulier par la petitesse des formats, qui s’oppose à l’immensité du sujet évoqué. À travers des portraits de femmes et d’enfants, je pose la question de la vérité et de la recherche d’absolu.
Mes personnages renvoient à notre propre image, et un dialogue se crée avec le regardeur. Ils font écho à notre enfance, nos rêves, nos frustrations, nos vies et nos croyances.

Comment décririez-vous votre processus de création ? Y a-t-il une étape que vous trouvez particulièrement stimulante ou difficile ? 

Je peins tous les jours comme si je tenais un journal intime, sur une table, le visage penché au-dessus de mon support en bois. Une référence à la femme à son ouvrage, au moine en prière, à la réalisation d’une icône ou encore à l’écrivain. L’étape la plus touchante pour moi est lorsque le tableau s’impose. Je remets volontairement ma peinture en question, et je fonctionne par séries, ce qui rend la cohérence et l’évolution de l’histoire racontée à travers mes œuvres très importantes. Comme dans tout art, je vise à dépasser la technique pour ne plus être que dans l’émotion pure.

Comment l’évolution de votre parcours personnel a-t-elle influencé votre style et votre vision artistique ?

Je vis avec mes peintures, et leur réalisation rythme mes journées.
J’ai fait le choix d’installer mon atelier à la maison, en pleine campagne, loin de tout. Cette configuration me permet de vivre en totale immersion dans mon imaginaire secret. Instagram et Pinterest me donnent l’occasion de découvrir et de suivre des artistes dont j’apprécie les œuvres, mais je reste attentive à préserver l’authenticité de mon travail.

Avez-vous une intention particulière lorsque vous pensez à l’interaction avec votre public ? 

En commençant une peinture, je n’ai jamais d’autre intention que d’être dans la sincérité. Le seul public, c’est moi-même, et je ne laisse jamais entrer dans l’atelier le sujet de la vente ou du commerce.
Mais lorsque mon œuvre est exposée et sort de l’atelier, ma plus grande gratitude est de toucher au plus près le visiteur, comme si j’avais trouvé les mots justes.

Quels sont vos projets actuels ou futurs ? Avez-vous des collaborations ou des expositions à venir que vous aimeriez partager ? 

Je travaille déjà avec plusieurs galeries en France et à l’étranger, mais je pense aussi qu’il existe d’autres moyens de diffuser et de vendre son art.
En janvier, un solo show sera présenté à New York, dans la galerie JoAnne Artman, avec laquelle je collabore depuis 4 ans. En mai, la sortie d’un livre pour enfants que j’ai illustré à l’aquarelle. En juin, l’ouverture d’une galerie, encore tenue secrète.

On remarque que la plupart de vos œuvres mettent en avant des femmes. Y a-t-il une raison particulière à cela ? Une idée de la douce force féminine qui vous interpelle particulièrement ? 

Mon univers pictural est résolument féminin, mais bien plus encore, il est existentiel. Les personnages prennent place entre fleurs et nuages et sont absorbés par des cieux tourmentés. Une menace sourde, hors du temps, est représentée par de larges traits de pinceau, comme une mise à plat.
Une invitation à regarder qui nous sommes vraiment.