Asian Spring

Choi Xooang

1975 -

Choi Xooang

Avec ses résines peintes, il nous offre le spectacle saisissant d’êtres humains nus et chauves, de silhouettes traitées sur un mode hyper réaliste. À travers cette galerie de personnages presque mutants, il parvient avec peu de narration à exprimer et à reconstituer avec une force inouïe les émotions humaines les plus intenses comme la peur ou la tristesse, le désir, la complexité des relations entre les individus, les tensions érotiques et la confusion des sentiments. Étrangement, les personnages sont représentés sexués, mais sans cheveux, ce qui crée un malaise, comme une part d’ombre et de mort sur une société malade de ses excès. On ne peut balayer de notre esprit les images de cancéreux ou d’irradiés dans ces autres ‘nous-mêmes’ saisis dans leur nudité absolue nous rappellent notre fragilité et notre vulnérabilité.

À travers cette galerie de personnages presque mutants il parvient avec peu de narration à s’exprimer et à reconstituer avec une force inouïe les émotions humaines les plus intenses comme la peur ou la tristesse, le désir, les tensions érotiques et la confusion des sentiments, la complexité des relations entre les individus. Nulle anecdote ne vient perturber ces Adam et Eve dans leur déréliction et livrés à l’atroce réalité de leur destin d’humains. Ces créatures existentialistes dans les tourments de leurs chairs et leurs contradictions deviennent nos doubles muets et désemparés. L’artiste déclare que les émotions sont les seules choses données à un homme ou une femme hormis leur statut social dans le fonctionnement capitaliste d’une société. Choi Xooang ne nous livre pas ses propres sentiments, mais tente d’extraire une âme collective, un organigramme de toutes les souffrances et les joies éprouvées par chacun.




Le spectateur se trouve ainsi entraîné dans une pièce muette où il prend indirectement parti comme au théâtre et au cinéma et s’imprègne par compassion ou empathie des tourments de ses semblables. La nudité des modèles accroît en plus cet enveloppement des spectateurs dont le regard sert de vêtement moral et protecteur. Il se réfère directement à l’œuvre occidentale du peintre Edouard Manet en particulier à son ‘Olympia’ scandaleuse courtisane bravant la morale et livrant son corps dénudé à la concupiscence des bourgeois libidineux du 19e siècle. Selon sa théorie l’artiste ne doit pas tout livrer, mais laisser la place à celui qui la regarde et entre à son tour dans l’œuvre et dans son histoire. Tant de combinaisons possibles au déroulement de chaque histoire, pourquoi la jalousie, la mélancolie, la séduction ? Que reste-t-il de ses étreintes éphémères et passionnées ? 

La nudité dans l’art, en particulier dans la sculpture hyper réaliste et sans sublimation, agit comme un accélérateur de particules : les créatures offertes de John di Andrea dans les années 70, les mutants dégénérés des frères Chapman et de l'Ital-australienne Patricia Piccinini ou les géants de Ron Mueck ont créé à des époques différentes par leur spectaculaire et notre voyeurisme des scandales retentissants.

Loin du sensationnalisme, l’artiste exprime une vision humaniste du monde. Comme Egon Schiele au moment de la première guerre tordait les corps pour exprimer la souffrance d’un peuple opprimé et des damnés de son époque, Choi aspire à donner une portée universelle et expressionniste à ses héros livrés à eux-mêmes et à la violence de leurs passions.